Björk et la COP21 : "Même avec le plus grand accord jamais imaginé, ce serait déjà très tard"

France Inter, 14 décembre 2015

EXCLUSIVITE - La chanteuse islandaise Björk réagit à la fin des négociations de la COP21. Pour la première fois elle s’exprime en France à ce sujet. Elle évoque son combat pour préserver les terres vierges ddans le centre de l’Islande, et contre l’installation de lignes à haute tension.

L’œuvre de Björk rassemble deux éléments constitutifs de l’identité islandaise : nature et technologie. En 1993, elle invente ainsi la modernité en se mettant dans la peau d’un animal dans une chanson. C’est Human Behaviour : un animal y constate, étonné, que dans le comportement humain, il n’y a absolument aucune logique.

Préoccupée par les ravages causés par le changement climatique, Björk fait partie des quelques 300 artistes, parmi lesquels David Bowie, Damon Albarn, Yoko Ono, Thom Yorke, Coldplay, Robert Plant et David Gilmour, qui ont signé une lettre ouverte adressée aux responsables de la Conférence pour le Climat COP21 pour obtenir un accord ambitieux.

Est -ce que vous êtes optimiste pour l’avenir ?
Je suis une optimiste et la raison pour laquelle je prends la parole c’est que je crois que nous pouvons y arriver. Je crois beaucoup par exemple à la technologie. Nous pouvons inventer et nous avons déjà des technologies qui peuvent cohabiter avec la nature, qui ne s’oppposent pas à la nature. Je crois que c’est possible.

Je crois que tous ces cul-terreux en Islande qui veulent construire des usines dans le centre du pays sont sur un modèle vieux de trois cents ans. C’est absurde au 21ème siècle. On doit se focaliser sur la haute technologie et la technologie verte.

Quels combats menez-vous en Islande ? L’Islande est-elle en danger ?
Ce pays est resté vierge pendant quasiment trois cents ans et les responsables veulent nous faire vivre désormais une révolution industrielle. C’est la différence avec l’Europe.

L’Islande est un pays où il y a des projets d’installation énergétique dans le centre contre lesquels je me bats.

Il y a 2 ans et demi, ils ont élaboré une douzaine de projects avec des usines, dans les highlands, et l’île risque de devenir aussi industrialisée que les villes européennes. J’essaye donc depuis quinze ans d’utiliser ma position pour parler de cela. C’est mon devoir de le faire !

Si la négociation aboutit sur un accord a minima serait-ce une honte ?
Björk : Ce serait dramatique, on est déjà en retard. Même si on arrivait sur le plus grand accord jamais imaginé on serait déjà en retard. Il est vital pour nous mais aussi pour nos enfants et petits-enfants qu’on agisse immédiatement. Ce serait un désastre de ne pas le faire. Je trouverais cela honteux.

Qu’avez-vous ressenti après les attentats à Paris
Ce qui s’est passé à Paris est une tragédie, je me suis sentie profondément triste. Il est important de séparer la religion de ce qu’on fait ces terroristes.

publié dans France Inter