Avant la probable future tournée sur le continent américain — on mise au moins sur le trio « Canada, États-unis, Mexique » — et en complément de notre retour, publié en juin dernier, sur le concert à We love Green, un bilan de la tournée européenne s’impose.
Des lieux atypiques
Quelques chiffres : neuf pays visités, environ 12 000 km parcourus (on vous épargne le bilan carbone ;-) ) avec une majorité de scènes extérieures, notamment dans des cadres grandioses : serres géantes en Angleterre, ruines de thermes romaines, ancienne carrière en Suède...
Par conséquent, un prix du billet qui s’envole, mais Björk et sa troupe se sont également produits à des prix plus accessibles dans de grands festivals, dont l’incontournable Primavera en Espagne, et We love Green en France, pour un cachet estimé à 225 000 euros selon La Croix.
Entre atmosphère onirique, surréaliste et mise en scène fantastique
« J’aime faire comme si je venais d’une île futuriste »
Introduit par des chants d’oiseaux tropicaux, le concert est d’emblée captivant par son esthétisme et la qualité de la mise en scène : décor théâtral riche, féérique, au kitch assumé, et tout au long de la prestation des chorégraphies avec sept flûtistes.
À chaque soir, son nouveau masque, toujours créé par son complice James Merry et sur l’ensemble de la tournée, sept tenues portées dont une robe de Lana Dumitru & Vlad Tenu confectionnée à l’aide de 25 000 cristaux Swarovski.
Spécialement créées pour la tournée Utopia, la robe de Micol Ragni à Barcelone et, à Rome, une tenue Gucci adaptée d’un modèle existant, non sans évoquer la Commedia dell’arte.
À noter également à Florence, une exposition en collaboration avec la marque italienne de luxe.
Une setlist resserrée et sans abus de nostalgie
« Björk n’est pas du genre à se reposer sur ses hits, préférant baser tout son spectacle sur ses flûtes et sa voix unique. Cela manque parfois un peu de rythme et de variété, mais l’ensemble n’en reste pas moins fascinant et forcément original. » +++
Une durée moyenne de 1h20, 14 à 16 titres joués par soir. Un répertoire global de 19 titres et, sans surprise, une majorité de chansons issue de l’album Utopia avec en ouverture Arisen my senses.
Un concert hybride, avec les défauts de ses ambitions
Mêler musique, chant, souvent accompagnés de bandes sonores, spectacle visuel, chorégraphie, et paroles politique est un projet ambitieux. Les spectateurs connaissant le contenu des textes et appréciant l’album trouveront un univers fidèle aux thèmes développés dans Utopia, les autres seront probablement happés par l’esthétisme : les décors, les projections... Mais avec une première partie manquant de rythme, et trop peu de titres connus du grand public pour rééquilibrer, il peut en sortir une certaine frustration musicale. Malgré tout, le choix de concerts en extérieur, souvent dans des cadres exceptionnels, est pertinent : décors, lumières, sons ont une raisonnance particulière dans ces lieux. Nul doute que les fans seront convaincus, quant au grand public, il pourra se plonger dans l’atmosphère unique qui se dégage de la tournée Utopia. Enfin, il faut saluer la démarche rare et risquée, pour une artiste, de jouer la majorité de son nouvel album.