il y a urgence
l’apocalypse a déjà eu lieu

et la façon dont nous allons agir maintenant est essentielle

après l’extinction massive
nous prendrons un nouveau départ
notre ancien confort a disparu
nous défilerons avec des grillons mutants dans des récoltes radioactives lumineuses

nous migrerons avec les gnous
parmi les orangs-outans en voie de disparition

un nouveau monde
avec l’émergence d’assemblages

et d’enchevêtrements rhizomatiques

avec la voix altérée d’un béluga
et d’un phoque à l’adn transformé
nous nous installerons dans des champs sonores de moustiques

nous trouverons la réciprocité sensorielle
dans tous les tissus écologiques conjonctifs
dans une strate sonore pionnière
de paons, d’abeilles et de lémuriens mutants

la biologie se réassemblera de façon nouvelle
et les micro-organismes s’accoupleront avec d’autres formes de vie pour guérir et s’adapter

dans des corps fructifères
et des champs d’information sensorielle
la toile de la vie se déploiera dans un monde de nouvelles solutions
comme les colonnes de basalte absorbent le carbone
ou lorsqu’un oiseau-lyre devient une tronçonneuse

la vie gagne

avec ou sans nous
après les fléaux et les pandémies
il y aura de nouveaux modes d’existence
de tisser nos corps en relation avec notre environnement

de décomposer nos anciens modes de vie
et échapper à la boucle de rétroaction

grâce à l’ingéniosité métabolique

le hurlement de nos ancêtres biologiques

repris par les esprits animaux

nous remédions aux chants d’oiseaux perdus
en dehors des niches de remplacement

parmi une tapisserie d’êtres

une nouvelle bio-diversité est atteinte

nous terraformerons la planète

dans une profonde morpho-genèse

à partir d’une île volcanique animiste
nous nous délecterons des dauphins à effet doppler qui passent à toute vitesse

des merveilles invisibles s’épanouissant
des entités énigmatiques hyphanéennes

la mémoire de nos gènes

formera un appel à l’action

moulez un nouvel accord de Paris sur le climat

cette fois atteignable

atteindre

atteignons-le

installation sonore audio

Nature Manifesto

Œuvre sonore immersive conçue par Björk & Aleph, pour le Forum « Biodiversité : quelle culture pour quel futur ? » du Centre Pompidou. Cette installation fusionne la voix de Björk, lisant son manifeste, avec des cris d’animaux éteints et en voie de disparition, ainsi que des paysages sonores naturels.

We would like to share our “Nature Manifesto,” a sound installation at the Centre Pompidou, Paris. Produced in collaboration with the IRCAM using AI software, this immersive sound piece gives endangered and extinct animals a voice by merging their sounds with our words. We wanted to share their presence in an architecture representing the industrial age, far away from nature. In the veins of the escalator of the museum, known as the “caterpillar,” we wanted to remind citizens of the raw vitality of endangered creatures. Even though you are restlessly traveling between floors whilst listening to this soundpiece, the tone of animals’ voices hopefully builds a sonic bridge towards the listeners. And in the spirit of these animals, in the magic of how they are sensually aligned with their environment, they become our teachers ! Their ghosts remind us of improving our primordial mindfulness. But we didn’t only want to talk the talk but walk the walk, so together with young environmentalists in France and Iceland, we have set up a campaign. It will launch later.Thank you,

Björk and Aleph

Vidéos

Deux vidéos de présentation réalisées par l’artiste Balfua et générées avec l’aide de l’AI ont été publiées sur les réseaux sociaux pour faire la promotion de l’œuvre.


À propos de l’installation

Quand Aleph et moi avons écrit le texte, nous avons voulu réinventer le manifeste présenté dans le concert Cornucopia et l’amener à un niveau supérieur, en le transformant véritablement en une histoire de science-fiction. Il s’agit de croire que la biologie peut s’en sortir, mais pour cela, nous devons avancer et devenir des mutants. Je pense que la fantaisie peut nous aider à imaginer cet avenir, et ensuite à le devenir.

Björk, Dazed

Ainsi, pour moi, La Chenille (le tube extérieur du Centre Pompidou) a été la structure la plus exigeante dans laquelle j’ai dû travailler. Si vous deviez décrire ce qui rend le son mauvais, ce serait un tube en plastique avec des parties métalliques et un escalator à l’intérieur, où tout bouge en permanence. C’était un défi de mettre de la musique dans un espace qui ne résonne pas comme une salle de concert, mais c’était aussi très formateur.

Björk, Dazed

Ce projet est quelque chose que je n’aurais jamais imaginé spontanément. Mais il est parfois très sain de sortir de sa zone de confort. J’espère que cela inspirera les gens et leur donnera une forme d’optimisme.

Björk, Dazed


Crédits

Pièce sonore immersive constituée de 70 enceintes
Durée : 3 min 40
Du 20 novembre au 9 décembre 2024
Centre Pompidou, Paris.
Présentée dans le cadre du forum “Biodiversité : quelle culture pour quel futur ?”

Concept et texte : Björk & Aleph
Musique écrite et composée par Björk

Commissariat : Chloé Siganos et Aleph Molinari
Commissaire associée : Delphine Le Gatt
Informatique musicale (Ircam) : Robin Meier Wiratunga
Ingénieur du son : Bergur Þórisson
Animation : Sam Balfua
Montage vidéo : Santiago Molinari

En partenariat avec D&B Audio et Southby Productions.

Presse

Le son, rien que le son, sans aucun artifice visuel : cette installation très sobre n’est décidément pas faite pour séduire, mais bien pour avertir l’humanité des menaces qui pèsent sur le monde vivant.

beauxarts.com

Certaines animaux dont les sons apparaissent dans Nature Manifesto, comme le corbeau hawaïen, ne peuvent plus être entendues dans la nature. L’équipe créative a récupéré le cri de cet oiseau dans une archive dédiée aux espèces disparues.

npr.org

Ainsi, alors que l’on remonte les escalators jalonnés de hauts parleurs du Centre Pompidou, on croit discerner parmi ces “ambiances sonores” des cris d’orangs-outans, de phoques ou encore les bourdonnements d’abeilles pendant que la voix de Björk égrène le nom de quelques espèces – bélugas, paons, lémuriens… Malgré ces impressions, on apprendra que l’Islandaise a changé la fréquence des sons des animaux pour prêter à confusion, transformant par exemple le bruit des singes pour imiter le vol des insectes. L’ajout d’une ligne de basse, qui vibre de plus en plus fort à mesure que l’on avance dans la chenille, donne une impression d’élévation jusqu’au dernier étage, où la symphonie explose sur des beats plus rythmés.

numero.com

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Installation sonore au Centre Pompidou

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