Les sorties de disques de la semaine

L’Obs, 10 mai 2007

Björk : Volta (Barclay). Ce sixième opus évoque les thèmes privilégiés de l’artiste islandaise : l’importance de la nature qui guide l’homme, la transe nécessaire, la féminité, la religion responsable selon elle de bien des maux. Tous sont évoqués avec une dose égale de gravité et d’humour.

Comme elle le fait depuis Debut paru en 1993, Björk s’est entourée d’artistes aux horizons les plus divers, ce qui ne l’empêche pas de garder un cap bien personnel, porté par une voix exceptionnelle tantôt acidulée, tantôt aigre et stridente qui scande des phrases où le verbe est souvent absent.

On retrouve le Britannique Mark Bell, fidèle comparse depuis Homogenic (troisième opus paru en 1997), mais aussi Antony Hegarty, leader du groupe Antony & the Johnsons, les Congolais de Konono No1, une joueuse de luth chinoise Min Xiao-fen, le joueur de kora malien Toumani Diabaté, et Timbaland, l’homme aux doigts d’or du hip-hop et du R&B américains. Une surprise ? Pas vraiment. Timbaland avait déjà témoigné de son intérêt pour la chanteuse en revisitant pour un morceau de Missy Elliot le titre Joga. Les deux partagent aussi une passion commune pour les rythmes nord-africains et indiens.

Ce sont d’ailleurs ces rythmes tribaux et physiques qui donnent le ton du premier single efficace Earth Intruders ou bien de Innocence tout aussi taillé pour devenir un tube dansant. « Je me sens chez moi à chaque fois que l’inconnu m’entoure », proclame Björk sur Wanderlust qui aurait pu figurer sur l’album Homogenic. Le titre Declare Independence semble s’adresser comme une blague à une amie qui se serait fait larguer ou plus sérieusement à son pays, l’Islande, qui a longtemps été colonisé. Elle célèbre en duo avec Antony Hegarty l’amour fusionnel dans The Dull Flame of Desire, une chanson inspirée d’un texte écrit par le poète Russe Fiodor Tioutchev (1803-1873).

Les notes légères d’un instrument médiéval, proche du clavecin, et de subtiles percussions africaines feraient presque oublier que Hope évoque les fous de dieu et les attentats suicide.

Inspiré aussi bien par le lac Volta, le plus grand lac artificiel d’Afrique, que par Alessandro Volta, l’inventeur en 1800 de la première pile électrique, ce nouvel opus plein d’électricité communicative est un hommage à une drôle de tribu, celle des humains, qui, selon l’artiste, a plus besoin de la nature que de la religion pour puiser son énergie.

Björk se produira le 23 août aux arènes de Nîmes et le 26 au festival Rock en Seine à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine).

par AP publié dans L’Obs