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Björk suscite l’incompréhension du public de Fès au Maroc

Le Monde des religions, 18 juin 2012

Aux pieds des remparts de Bab al Makina, dans le cadre du Festival de Fès au Maroc, la chanteuse électro-pop islandaise Björk a présenté vendredi 15 juin "Biophilia", une ode à la nature affranchie et déjantée qui a manifestement médusé le public marocain.

Sous les auspices de l’inévitable photo du roi Mohamed VI, la chanteuse islandaise Björk a électrifié la scène de Bab al Makina avec son spectacle "Biophilia", présenté vendredi 15 juin dans le cadre du Festival des Musiques sacrées, à Fès.

L’artiste est apparue sur scène vêtue d’une improbable robe bleue à paillettes, bordée de volumineux coussins d’air au niveau de la poitrine et des hanches, et d’une perruque rousse hypertrophiée. A l’arrière-plan sur écrans géants, le clip de faunes marines grouillantes, faites d’étoiles de mer et de mollusques qui s’agrippent et se dévorent, suggérant la vie, la reproduction, et la mort. Un chœur de nymphes, tantôt pieusement voilées, tantôt toute chevelure lâchée, contrebalance mélodieusement les rythmes électroniques. Des tonnerres de batterie viennent briser des symphonies de carillons lancinants, alors que la vidéo projette des déchirements de croûte terrestre.

Dans le public, les premiers rangs réservés à une énigmatique "délégation officielle" de hauts dirigeants politiques, se vident d’un coup. Tout au long du concert, un discret mais incessant mouvement vers la sortie de Bab al Malkina. A côté de nous, deux marocaines, ouvreuses au festival, s’étonnent de ce qu’elles voient sur scène : "Borj ? Beurj ? Mais c’est quoi… ça ?!". Lorsque le spectacle touche à sa fin, Björk demande au public de se rapprocher pour occuper les fauteuils du devant.

Puis, dans ce pays où la "révolution arabe" n’a pas eu lieu, elle entonne furieusement le titre "Declare independence". Les chansons sont en anglais, Björk remercie les spectateurs en français, et nos voisines sont perplexes : "on ne comprend rien !". L’hymne à l’univers et la tectonique des plaques, célébré par la chanteuse islandaise, n’ont pas manqué, au passage, de bousculer les codes du Festival des Musiques sacrées.

par Marine Chanel publié dans Le Monde des religions