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Volta

Le feu sous la grâce

Magazine ELLE n°3202, 14 mai 2007

Bonne nouvelle : "Volta", le nouvel album de la diva Islandaise nous plaît vraiment ! Après avoir pris le large, Björk revient, plus universelle que jamais. Rencontre.

Que celui qui, en entendant sa voix de chat écorché, n’a jamais eu envie d’étrangler Björk nous jette la première pierre. Trop de disques assommants, trop d’excentricités vestimentaires : on avait failli se laisser gagner par l’ennui et l’agacement concernant la carrière de la diva venue du froid et jeter l’islandaise avec l’eau du bain. C’eût été dommage. Car le nouvel et huitième album de Björk, "Volta", vaut le détour, nottament pour ses deux duos sublimes avec le crooner androgyne Antony et ses trios collaborations avec le génial producteur Timbaland (Missy Eliott, Jay-Z). Du coup, on est prêts à lui pardonner le cache-théière en crochet qui lui sert de cagoule sur la couverture des "inrocks". Et quand on la rencontre, sobrement vétue d’une robe kimono et d’un collier qui semble avoitr été fabriqué par des enfants en maternelle, on est touchés par sa simplicité amicale

Malgré ses 41 ans, sa vie de compagne d’artiste international(Matthew Barney) et de mère (un garçon de 20 ans, Sindri, et Isadora, 4 ans et demi), cette star firère et timide reste accessible et... imprévisible.On la croyait installée a Manhattan, on la retrouve voguant de par le monde sur un cargo long de vongt mètres. "Comme j’ai été élevée a Reykjavik, ville entourée par les montagnes et l’océan, je devenais claustrophobe a New York, explique-t’elle en roulant les "r". Alors j’ai fait une école de navigation en Islande il y a un an et demi, j’ai apssé mon examen, et je suis devenue capitaine pour les bâtiments de moins de 30 tonnes. Matthew apprend aussi. On navigue sans ordinateur, c’est rigolo." Enregistré en partie à bord, ou parfois aux escales,(Mali, Tunisie, Jamaïque), "Volta" et ses paysages sonores, qu’elle decrit comme beaucoup plus "physiques", agressifs et rythmiques que ceux du précédent, "Medulla", doivent beaucoup à la proximité du ciel et de l’océan. "J’avais envie de rapeller l’importance de la nature, que les gouvernements et les leaders religieux persistent à nier. Les religieux nous font croire que tout ce qui est naturel et en dessous de la ceinture est laid et honteux et que nous devons faire plus confiance à notre logique qu’à nos intuitions. Nous sommes issus d’une seule et unique tribu humaine et je voulais retouver cette transe originelle, ce beat tribal". Plus intimement, "Volta" parle aussi de réunifications des diverses vies (privée, professionelle, familiale) et de son retour triomphal au monde. "Pendant la création de"Medulla", j’allaitais ma fille. J’adore dedier mon corps à un enfant, mais, lorsqu’il grandit c’est un soulagement d’être libre..." "Volta" ou les affres de l’indépendance donnée ou arrachée. Dans un berceuse écrite pour Isadora, Björk evoque de facon poignante l’avenir lointain où toutes deux auront disparu de cette terre. "Les enfants changent si vite qu’on est très conscients du temps qui passe, explique-t’elle.Et, quand on a un autre enfant plus agé, on réalise qu’il nous reste très peu d’années à vivre avec eux." Sur un duo interprété avec antony (ou je fais ma Donna Summer, et lui sa Barbra Streisand), elle chante aussi popur son fils Sindri. Elle y parle également "de la difficulté de le laisser vivre sa vie, de la culpabilité que ressent tout parebt d’adolescent qui se dit : est-ce que je l’ai laissé partir trop tôt ou trop tard ?" Björk et l’émotion sont dans un bateau, Björk tombe à l’eau, qu’est-ce qui reste ?

Scan + edit par benjicoq

par Florence Tredez publié dans Magazine ELLE n°3202